Retour de lecture: Kafka, Le Chateau

Cette note à l’origine personnelle participe à journaliser l’objectif très clément de finir au moins dix livres au cours de cette année. Quelques spoilers, mais l’intérêt du roman réside ailleurs que dans les composantes élémentaires de sa narration. D’autres notes similaires pourraient être publiées à l’avenir, dans la langue des livres qu’elles référencent.

Franz Kafka, Le Château, traduction: Bernard Lortholary

Livre déroutant en dépit d’une approche à froid uniquement initiée après considération de la quatrième de couverture (achat compulsif). Le château dont il est question dans le titre s’avère rapidement être d’avantage une entité métaphorique physiquement incarnée par une forteresse délabrée et distante dominant le village. Elle est brièvement introduite sous cette forme au début du roman, puis presque complètement délaissée jusqu’à la fin - réconfortante mais un peu abrupte, l’oeuvre étant inachevée. Le système administratif monstrueux et hermétique que le protagoniste tente de pénétrer est le véritable château, gardés par des légions de fonctionnaires fuyants, fantomatiques et entièrement dévoués à l’entretien de cette bureaucratie.

De façon similaire, on peut assez vite déduire les chances du géomètre d’ébrécher les défenses de ce système infaillible et d’arriver à ses fins. Le mystère entourant le château sur lequel le géomètre s’écrase, sa raison d’être et son emprise sur le village est ce qui motive à poursuivre la lecture, beaucoup moins le potentiel de voir la situation du géomètre se résoudre.

Patrick BOKANOWSKI, l’Ange, 1982 Patrick BOKANOWSKI, l’Ange, 1982

Aucun éléments réellement fantastiques conventionnels n’est introduit dans le roman. Une atmosphère fiévreuse y règne cependant en permanence, ménagée par les multiples bizarreries de situation et l’asservissement craintif de tous le village aux gens du château. Les personnages, gens du château comme villageois, agissent comme des automates souvent mues de passions brusques et prompt à réagir selon une logique qu’on trouverait acceptable en rêve uniquement. L’irruption du géomètre dans ce microcosme souligne son étrangeté sans que son comportement diffèrent franchement d’avec celui des autres personnages. Les dialogues sont débités en blocs de plusieurs pages, froidement, avec une exactitude et une sensibilité inhumaine.

Le choix d’un cadre hivernal accentue d’autant plus l’impression d’un temps qui se fige et change de court dans la pénombre d’une cahute, de la salle commune d’une auberge ou de l’étage des secrétaires. L’omniprésence du froid dirige l’action semblant de rien: La nécessité de trouver où dormir entrave la quête pour corriger une erreur administrative.

Du fantastique pour les adultes qui lisent le journal et payent leurs impôts en somme


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